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Art contemporain Cours 1 le débrief

Et oui, je vous avais bien dit que c'était du dur, mais bon j'avais confiance dans votre curiosité!
(Chaise par David Hockney)




Tout cela part du constat que l'Art et la Culture sont des domaines particulièrement subjectifs. Certes, il y a des règles, des savoirs, une histoire...mais tout cela repose d'abord sur votre sensibilité, sur vos émotions, ou enfin sur votre façon de réfléchir et/ou de réagir.

C'est pour cette raison que mieux vous rendre compte de votre "fonctionnement" par rapport à l'Art et la Culture est crucial pour comprendre ce qui "se joue".

La grille proposée par Jean Charles Berardi est celle d'un philosophe: elle sera donc méthodique, elle apportera une explication "globalisante"  et donc forcément réductrice de votre "position culturelle". Il y a donc des choses à savoir en amont:

1/ Vous avez vu, il y a 3 positionnements possibles; ce qui ne veut pas dire que vous "fonctionnez" uniquement avec l'un, non, généralement, les 3 attitudes se mélangent en nous...mais avec des dominantes, dans telle ou telle situation.

2/A quoi cela peut il servir de savoir ça?
Et bien, outre la satisfaction d'une curiosité que je vous souhaite, le bénéfice de cette démarche est de mieux se connaître, mais aussi de repérer chez nos amis, relations ou rencontres de quelle façon eux aussi "fonctionnent" dans des situations culturelles, et sans parler de véritable manipulation, cela permet d'adapter notre discours, nos mots pour mieux communiquer avec eux. 

Comment cela fonctionne t il?

La métaphore agricole, ce n'est ni plus ni moins que notre côté "cerveau gauche", un besoin d'ordre, de hiérarchie qui s'empare de nous face à une situation qui paraît un peu chaotique. C'est aussi un besoin de prendre son temps, et d'interroger le temps. Quelle est la place de cet artiste dans la grande histoire de l'Art, y a t il une "pédagogie" à en retirer?   Nous pouvons apercevoir cette position dans l'emploi de certaines expressions liées à la croissance, à l'agriculture  (une graine qui va pousser si elle est bien arrosée),  nous avons tous employé de telles expressions de croissance, de "germer" ou "d'éclore", on parle du "fruit" de nos efforts. La notion de temps s'exprime au travers des termes "d'apprentissage", de "formation", "d'école". Cette métaphore fait également appel à une hiérarchie, on retrouve chez les termes de "maîtres" ou de "chefs d'oeuvres". En parallèle au temps, il y a aussi l'idée de "conserver"  d'où l'appellation de "conservateurs" pour les gardiens du temple, l'idée de "collection" est importante dans le fait de servir d'exemple pour les générations futures. Je dois aussi dire que cette métaphore est issue d'un caractère divin, que le savoir est mis sur un piédestal et que "l'expert" y est présent partout. Le savoir se transmet par le "sachant" qui "instruit" le novice. C'est une logique de pédagogie verticale (conférences, cours, histoire de l'art) , de formation par les maîtres et de conservation muséale. Relèvent de cette métaphore, les enseignants, éducateurs et les lieux concernés sont les musées, les médiathèques...








La métaphore chimique est quant à elle liée à la notion d'histoire, et à celle de progrès. La Renaissance a changé la donne, et la Révolution française a ajouté d'autre éléments qui viennent remettre en cause le caractère absolu de la Culture et de l'Art. L'homme a repris en mains son destin. Il est en mouvement et ses idées aussi. L'art est davantage une pratique, où chacun aspire à découvrir de nouvelles choses. La Culture et l'Art ont alors pour objet de vous "transformer", de vous "enrichir" de vous "améliorer". La notion de progrès est omniprésente dans cette métaphore où il est d'abord question de se "confronter"  aux oeuvres, et où le sentiment de "nouveauté" l'emporte sur celui de "chef d'oeuvre". Les mots qui permettent de remarquer sont liés au mouvement: on est "transformé" par une oeuvre, on est "bouleversé", "remué", etc.  En termes culturels, nous ne sommes plus au stade de l'apprentissage ou de la formation, mais au stade de la "découverte", de "l'expérience", et cela donne la naissance des ateliers, de l'action culturelle. On retrouvera les marques de cette approche dans les "maisons de la culture", mais aussi dans l'éducation populaire des années 1920-1930, avec les cercles Léo Lagrange, la F.O.L, et des initiatives qui demeurent comme "les Tréteaux de France" ou le Théâtre National Populaire créé par Jean Vilar. Les lieux favoris de cette métaphore sont les Centres d'art, les ateliers de pratique, etc.













La métaphore sociale ou sociologique est plus récente, elle est liée aux découvertes en matière d'ethnologie et d'anthropologie. L'Occident découvre que sa culture n'est pas unique, et grâce à des chercheurs comme Claude Levi-Strauss, Margaret Mead ou Marcel Mauss, que d'autres cultures existent ou ont existé. Avec l'Ecole des Annales et des chercheurs comme Marc Bloch ou Fernand Braudel, l'histoire s'intéresse à d'autres personnes et à d'autres latitudes. La culture et l'Art vont suivre ce mouvement et "s'ouvrir" à d'autres strates de la société (cultures urbaines) ainsi qu'à d'autres endroits de la planète (cultures du monde). Les mots de cette métaphores reflètent parfaitement cette ouverture nouvelle en parlant "d'échanges" de "partage", de "rencontres", de "métissages". Vous retrouverez facilement ces discours dans toutes les dispositions prises par Jack Lang entre 1981 et 1995, ainsi que par l'émergence de nouveaux styles et de nouveaux lieux (street art, musiques du monde,  Musée du Quai Branly-Jacques Chirac). Les lieux privilégiés sont des festivals, des centres de rencontre, etc.











Voilà, avoir éclairé votre "lanterne" personnelle (métaphore chimique) pour que vous puissiez prendre en compte cette grille de lecture (métaphore agricole), afin de mieux pouvoir échanger avec des amis ou des partenaires (métaphore sociologique).




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