Source
« Le Monde » PINCEAU = ARME –
L’expressionnisme abstrait comme propagande de la CIA 4 avril 2012
La rumeur a
couru pendant plusieurs années, des accusations chuchotées et souvent balayées
comme faisant partie de vastes théories de conspiration aux contours
flous. The Independent met un terme aux spéculations en
interrogeant un ancien CIA, qui « passe à table » : l’agence de renseignements
a bien financé l’expressionnisme abstrait des peintres comme Jackson Pollock,
Robert Motherwell, Willem de Kooning et Mark Rothko pour l’utiliser comme une
arme de propagande pendant la guerre froide. « Comme un prince de
la Renaissance, la CIA a soutenu et promu les toiles des maîtres de
l’expressionnisme abstrait américain dans le monde pendant plus de vingt
ans », résume le journal britannique, rappelant que jusqu’ici « il
n’y a jamais eu d’éléments concrets prouvant les liens entres les renseignements
des Etats-Unis et le rayonnement de sa peinture à travers le monde dans la
dernière moitié du XXe siècle ».
Donald
Jameson, l’ex-agent de la CIA, raconte que cette politique était connue sous le
nom de « Grande Laisse ». Il fallait utiliser ce nouveau mouvement
artistique dans la guerre de propagande qui opposait les Occidentaux à l’URSS,
mais sans que les artistes en question ne soient au courant. « Il
était hors de question d’impliquer Jackson Pollock, par exemple (…) la
plupart de ces gens avaient très peu de respect pour le gouvernement, et
certainement aucun pour la CIA. Et si nous devions utiliser des gens qui se
considéraient plus proches de Moscou que de Washington, eh bien tant
mieux. »
Site Artips
1958. Une gigantesque exposition fait le tour des grandes villes européennes. Son sujet ? La
"nouvelle peinture américaine".
Parmi les œuvres exposées, on
trouve des grands noms de l’art abstrait, comme Pollock, Rothko ou Newman. Peu
de personnes savent alors que cette exposition est soutenue par… la CIA.
Est-ce que les services secrets américains seraient amateurs de
peinture abstraite ? Pas spécialement. Surtout que
ces artistes sont souvent des anarchistes ou des sympathisants communistes.
Autant dire qu’en pleine guerre froide, ils ne sont vraiment pas appréciés du
gouvernement des États-Unis !
Mais la CIA a parfaitement
compris l’intérêt d’utiliser leurs œuvres dans la féroce bataille idéologique
qui l’oppose à l’URSS.
L’art officiel de l’URSS est alors
le "réalisme socialiste", un style figuratif assez contraignant qui
doit illustrer les valeurs soviétiques.
Aux États-Unis, c’est tout
l’inverse : un art sans sujet appelé "expressionnisme abstrait", où
l’artiste exprime sa liberté individuelle.
La CIA investit donc beaucoup d’argent et d’énergie pour promouvoir ces peintres aux États-Unis et en
Europe. Leur but ? Faire apparaître, en comparaison, l’art soviétique comme
rigide et vieillot…
Mais le rôle de la CIA doit
rester un secret absolu ! Hors de question que les artistes apprennent la
manière dont leur art sert la propagande américaine. "Il ne fallait pas
qu’on puisse se retrouver dans la situation d’avoir à dédouaner Jackson
Pollock", raconte un ancien agent secret.
La CIA se cache donc derrière une autre institution, le "Congrès pour la liberté culturelle". Et c’est ce
dernier qui organise les expositions, trouve des financements et encourage les
journalistes.
Si le succès de cette guerre
d’influence est difficile à quantifier, pour un autre ex-agent secret, c’est
sûr, “c’est la meilleure chose que la CIA ait jamais payée" !
Qui l'eut cru, chers amis, vous voyez que l'Art est tellement peu inutile que des gens très sérieux s'y intéressent. Je voulais juste vous faire découvrir ce côté "softpower" de l'Art contemporain.
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